Novica1
Lukic (1919 – 1957)
Ce
site Internet est consacré à mon grand-père, sous
lieutenant dans l’« Armée Yougoslave dans la Patrie »,
tchetnik de la région de Ravna Gora au nom de code :
« ange 31 », et, après la fin de la Seconde
Guerre Mondiale, Major dans la Légion Etrangère.
Novica
est né le 14 septembre 1919 à Sljivovac2,
un village près de Kragujevac3,
quatrième fils de Miloutine et Lioubitsa, pauvres paysans
du village. Après des études primaires à l’école
du village, son père l’inscrit au Lycée de Kragujevac
qu’il termine dans des conditions extrêmement difficiles.
Il faisait tous les jours 18 kilomètres à pied pour
rejoindre son lycée, sans vêtements adaptés, ni nourriture
convenable, étudiant sans livres de classe. A la suite de ses
quatre années de collège4,
et l’obtention de l’équivalent du Brevet des Collèges
il s’inscrit à l’Institut Technique et Militaire (ITM)
de Kragujevac. En tant que cadet diplômé en 1937 de l’équivalent
du Baccalauréat technologique, il décroche un poste dans les
ateliers de l’Institut où il travaille jusqu’au début
de la Seconde Guerre Mondiale et la capitulation de la Yougoslavie.
Peu de temps avant la guerre, il est membre de la 4ème
compagnie du bataillon pyrotechnique de l’ITM.
Dès la
capitulation de la Yougoslavie en avril 1941, l’un des frères
aîné de Novica, Milorad, pilote de chasse dans l’Armée Royale
Yougoslave, rentre dans la maison familiale et commence à
organiser le village pour résister à l’occupant. Novica
devient le commissionnaire du Commandement des groupes de corps
d’Armée de la Choumadilla5
auprès du Mouvement Tchetnik feminin de Serbie et est un
homme de confiance membre du détachement Tchetnik de la région
de Gruza sous le nom de code Ange
31. Il progressait rapidement dans la hiérarchie militaire,
si bien qu’à la fin de la guerre il atteint le grade de
sous-lieutenant de l’Armée Yougoslave dans la Patrie.
Au
printemps 1941, sur le plateau de la Ravna Gora, il rencontre le
colonel Mihailovic, et, avec son frère Milorad, est décoré de la « Médaille
d’or du courage ». Malheureusement, au cours d’une
bataille avec les Allemands, Milorad est tué. Ce destin tragique
sera aussi deux ans plus tard celui de son frère cadet
Svetislav, lui aussi membre actif de l’organisation de résistance
des Tchetnik de Ravna Gora. Au cours d’une permission au début
de la guerre, Novica fait la connaissance d’une jeune fille de
19 ans Mitsa : ce sera l’amour de sa vie. Leur
coup de foudre est si intense qu’à partir
de cet instant ils passeront tout leur temps libre ensemble et se
marieront au printemps 1944. Le fruit de leur amour sera un fils,
Miroslav (mon père), qui, par le jeu tragique du destin, ne
verra jamais son père Novica, mon grand-père et
homonyme. Juste avant l’invasion par les troupes Soviétiques de
la Serbie, en automne 1944, Novica va être obligé de se
replier avec les autres Tchetnik serbes de Serbie, leur Patrie que
beaucoup d’entre eux ne reverront jamais. En
Bosnie, en chemin vers l’exil, les Tchetniks, trahis par leurs
alliés Anglo-américains qui, pour satisfaire leur compromis avec
Staline, n’ont pas hésité à sacrifier leur plus fidèle
allié Draza Mihailovic, font face à une terrible Golgotha
qu’il est difficile de concevoir. Dans
une bataille contre leurs nombreux ennemis à l’est de la
Bosnie: les Allemands, les Oustachis (les plus zélés et fidèles
serviteurs des Nazis) et les communistes, Novica est blessé en Décembre
de la même année au village de Milievina près de
Kalinovik (tout près de la Tour de Becir- pacha) et capturé
par les Allemands et transféré dans un hôpital en République
Tchèque près du village de Mladi Boleslav, où
il aura l’occasion d’écrire son premier livre : « Mon
Amour ».
Une fois sa blessure
guérie, Novica cherche à rejoindre ce qui reste du corps
d’Armée de la Choumadïa commandé par Douchane Smilianic,
dans les rangs desquels lui et son frère ont combattu au
cours de lourdes batailles tout au long de la guerre. Ainsi, de République
Tchèque, Novica prend le chemin de la Slovènie en
passant par l’Autriche et se porte volontaire dans les rangs du
Bataillon complémentaire près la Division Tchetnik de la
Dinaré commandé par le Voïvode Momcilo Djujic, composé
essentiellement de Tchetniks de Serbie. L’objectif est de percer
le front des partisans communistes pour arriver à rentrer
en Serbie ; malheureusement, ils ne réussissaient même
pas arriver à entrer en Bosnie. Alors, il ne leur restait
plus, tout près de la fin de la guerre, au début du mois
de mai 1945, qu’à franchir la frontière et se
retrouver en Italie où les Tchetnik vont à la
rencontre de leurs alliés Anglo-saxon et se voient récompensés
pour les longues et difficiles années de lutte contre l’ennemi
commun en se faisant arrêter, désarmer et envoyer dans le
camp de prisonnier de Cesena !!!
Les Anglais les gardent jusqu’en automne 1945, période à
laquelle les Tchetniks sont transférés au sud de l’Italie, au
camp Eboli. Novica apprend qu’il a eu un fils dans une lettre de
son frère et ne cessera dès lors d’avoir pour
unique but de se réunir pour de bon avec son fils et sa femme,
Mitsa. Pendant toute cette période de captivité Novica passe le
plus clair de son temps à coucher sur le papier ses
souvenirs de guerre et à songer à la situation très
difficile que lui et le peuple Serbe dans son ensemble son en
train de vivre. Mon grand-père ne pouvait se douter un seul
instant que, par le fait du hasard, et de l’aide de notre ami
sincère Mr Simic, diplomate yougoslave en France, tous ses
écrits se trouveraient entre les mains de ses descendants
cinquante ans plus tard. Tous ses livres sont aujourd’hui numérisés
et pour ne citer que quelques titres : « La Deuxième
Guerre Mondiale – le Cyclone », « A travers les
montagnes libres de Serbie », « Les Tchetniks de Ravna
Gora de la Choumadilla », « A l’étranger »,
« La précarité », « Ma mère »,
« A ma chère et tendre », et bien d’autres
encore. Ces ouvrages ont une valeur non seulement historique mais
aussi esthétique, ce que vous pourrez constater dans les quelques
extraits que j’ai placés sur cette présentation.
Après un an
et demi passés dans le camp d’Eboli, les Tchetniks sont transférés
en Allemagne, au camp de Munster dans lequel ils apprennent la décision
de SAR le Roi George VI d’octroyer le statut de personnes déplacées
aux soldats de l’armée de Draza Mihailovic. Sans aucun moyen de
retourner en Serbie, et espérant un retournement de situation
dans la politique mondiale, Novica se retrouve à Marseille,
où il s’engage dans la Légion Etrangère.
En automne 1948, le
nouveau membre de la légionnaire étrangère française est
cantonné à Le Kef en Tunisie, où il reçoit un
« Certificat
d’Aptitude »; puis en 1949 il est décoré de la
« Médaille
Coloniale ». En 1950, les événements en Indochine
le contraignent à séjourner à Saigon,
au Vietnam Il a une correspondance très fréquente avec sa
femme Mitsa, qui lui adresse ses lettres en écrivant à
Pierre, un cousin qui vit à Hagen en Allemagne fréquemment
en contact avec Novica. Dans une de ses lettres, Novica écrit :
« Je voyage beaucoup, plus souvent que je ne reste en place.
Ainsi, j’ai jusqu’ici vu la moitié du Monde : je suis
pour l’instant en Asie, mais j’ai été en Afrique et sur les
Grandes îles. », et dans une autre : « Cela fait
quatre années entières que je n’ai ni vu la neige ni
ressenti le froid, je suis toujours vêtu de vêtements
amples d’été, sauf quand je suis en mission ». En 1951
il séjourne à Hammamet en Tunisie jusqu’au mois
d’octobre. Puis il voyage à travers l’Afrique du Nord
mais en étant toujours basé à Le Kef jusqu’en août
1952. En tant que Sergent-chef commandant le I/6 Régiment
Etranger d’Infanterie il reçoit un « Certificat
de Bonne Conduite » lorsque son premier mandat dans la Légion
Etrangère arrive à terme.
Novica satisfait aux
conditions pour acquérir la nationalité française et rentre en
France avec une seule idée en tête : se réunir
pour toujours avec sa femme Mitsa et son fils Miroslav. Il séjourne
à Marenge puis à Strasbourg pendant quelques années
où il trouve un emploi moitié moins rétribué qu’à
la Légion Etrangère et faisant les « Trois - huit »
s’évertue durant toute l’année 1953 à atteindre
l’unique objectif qu’il a fixé à sa vie ;
malheureusement le pouvoir communiste en Serbie refuse
d’accorder un passeport à sa famille. Dans une de ses
lettres il écrit qu’il est tombé malade pour la première
fois de sa vie mais que cela n’altère aucunement son
espoir dans de futures retrouvailles. Au début de l’année
1954, Novica envoi l’adresse d’un de ses amis, Monsieur
Vladimir Auram, qui lui fera suivre les lettres de sa famille
parce qu’il se prépare à un voyage d’affaires en
Afrique. Celui-ci conservera pendant près de cinquante ans
les écrits et les photos de mon grand-père. Au milieu de
l’année 1955, Novica apprend qu’il existe une possibilité
pour que Mitsa et Miroslav sortent de Yougoslavie, c’est
pourquoi il rentre précipitamment de son voyage en Afrique. Dans
une lettre suivante, il envoie à sa famille un certificat
d’hébergement de longue durée qui leur servira pour justifier
d’un séjour légitime en France ainsi que les noms des
personnes à qui ils devront s’adresser une fois arrivés :
Madame Ritch, ou à défaut son mari Michel, ou encore leur
voisin, le roumain Wilhelm Bausmerth qui a été, avec le hongrois
Laszlo Galavics, le témoin de Novica pour l’obtention
de son extrait de naissance. Puis pendant six mois il cesse de
travailler espérant qu’une bonne nouvelle arrivera, mais en
octobre 1955 il reçoit une lettre expliquant que sa famille ne
pourra définitivement pas obtenir de passeport. Dépité, il se
prépare à un nouveau voyage et adresse une lettre à
sa femme dans laquelle il ne se laisse pas complètement décourager,
et, si une quelconque opportunité se présentait, qu’ils
s’adressent à Madame Pierette Auram, dans le département
du Doubs, à Damblun avec son numéro de téléphone :
le 2 pour Damblun par Montbéliard.
En 1956, il se
rengage dans la Légion Etrangère, et se retrouve de
nouveau en Afrique du Nord : en Tunisie et en Libye, d’où
il maintient sa correspondance active avec les siens qu’il n’a
pas vu depuis treize longues années !! Entre temps, il accède
au grade de Major, mais malheureusement, la plupart des documents
de cette période qui l’attestent sont perdus à jamais.
D’après les
documents dont je dispose, quelque chose me dit qu’il a du
perdre son bras gauche et le premier Mai 1957, il meurt
dans une bataille quelque part en Afrique du Nord.
Novica, est d’après
ce que j’ai appris sur lui, une personnalité exceptionnel
à bien des égards.
Il était généreux,
altruiste, intègre et particulièrement courageux. Il
a sauvé de nombreuses vies durant la guerre civile en Serbie,
risquant la sienne en de très nombreuses occasions, comme
il le disait lui-même : « Pour l’honorable
Croix et la liberté en Or ». Il était polyglotte, il
jouait de plusieurs instruments et a consigné ses émotions dans
des dizaines d’ouvrages et des centaines de lettres. C’était
un authentique athlète et un véritable chrétien –
Orthodoxe. Partout où il passait, il laissait derrière
lui les gens qu’il rencontrait charmés par la bonté absolue
qui l’habitait.
Il ne lui manquait
pas grand chose pour que, après toutes ces souffrances, ces
difficultés, il accède enfin au bonheur ; mais le
destin tragique que lui a tracé ce Monde cruel lui a toujours
refusé ce droit au bonheur, droit qu’il a sans aucun doute
maintes fois mérité.
Se prononce : « Novi – tsa » et « Lou
- kic » ce dernier se prononçant comme dans « ciao »
« Chlivovatsse »
« Kragouillevatsse » grande ville au cœur de la
Serbie, dans la région centrale de la « Choumadilla »
L’enseignement en Serbie dans les années 1930 comprend quatre
années d’école primaires suivies de quatre années de collège
destinant, en fonction des possibilités de l’élève au
lycée d’enseignement général pendant 4 ans en vue d’études
longues ou au lycée d’enseignement technique conduisant
à la vie active.
Il s’agit de la région centrale de la Serbie.
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